On trouvera ci-dessous la copie d’un kusen (enseignement oral pendant zazen) donné par Luc Boussard au dojo de Bordeaux le 26 juin 2011.
Pour commencer cette journée, je voudrais vous lire une citation de Maître Deshimaru: «S’il vous plaît, éveillez-vous de l’enivrement de toutes les illusions, de tous les péchés, de toutes les ivresses de ce monde, et entrez dans la vaste communauté qui inclut tout le cosmos. Alors elle deviendra la communauté des bouddhas authentiques, et finalement vous aiderez tous les êtres sensibles, tous ceux qui doivent être sauvés. Tel est le sens d’une véritable sangha, d’une vraie communauté.»
Lorsque nous faisons une journée de zazen comme aujourd’hui, nous constituons une communauté dans le sens où le disait Sensei: une communauté de bouddhas authentiques qui s’éveillent des ivresses de ce monde et sauvent les êtres sensibles.
Nous constituons, l’espace d’un instant, le laboratoire où s’élabore l’homme véritable, l’homme libre; c’est pourquoi nous ne devons pas être négligents, distraits. Nous devons, autant que possible, nous livrer totalement à la posture, au corps-esprit de zazen. C’est quelque chose de très simple, de limpide, d’évident, mais c’est quelque chose qui demande toute notre détermination.
Maître Deshimaru parlait du juste tonus, il disait «le maître, c’est celui qui vous apprend à trouver le juste tonus», autrement dit l’équilibre parfait, insaisissable, entre d’une part la vigilance, la détermination, et de l’autre le lâcher-prise. La posture de zazen est l’actualisation de ce juste tonus, de cet équilibre.
Comment peut-on s’éveiller de toutes les ivresses, de tous les péchés, de toutes les illusions du monde?
La notion d’éveil est véritablement fondamentale, elle est le socle même de notre pratique, de notre voie.
Parler d’éveil, cela implique bien entendu que nous sommes dans un rêve. Maître Kodo Sawaki disait que nous vivons dans un rêve, que même les révolutions, les guerres sont des combats au sein d’un rêve et que l’on se rend compte de ce rêve au moment de mourir. Il disait que la différence entre l’homme ordinaire et l’homme de la Voie, c’est que l’homme de la Voie s’arrange pour s’éveiller avant de mourir.
S’éveiller, cela veut dire tout simplement arrêter de suivre ses pensées, arrêter d’entretenir le mécanisme des pensées, des opinions, des affects, qui nous barrent l’accès à la réalité, à la nature de bouddha.
En zazen, le corps-esprit de zazen devient l’hokyozanmai – le samadhi du miroir précieux -, où le cosmos entier vient se refléter, sans que l’on ne saisisse rien, sans que l’on ne rejette rien, sans jugement, sans distinction, sans faire le tri, sans identification… C’est cela l’éveil: le corps droit, l’esprit brillant…
Un jour, un disciple demande à Nansen, maître chinois de l’époque des Tang: «Comment peut-on distinguer le juste du faux, vu qu’ils ont tous deux pour racine la vacuité?» Nansen désigne du doigt un carré de pivoine dans le jardin et dit: «Vois-tu, aujourd’hui les gens regardent ces fleurs et c’est comme si ils les voyaient en rêve.»
Cette exigence de réalité, d’éveil, est véritablement le pivot de notre pratique… Ce n’est pas la peine de chercher à résoudre des problèmes – trouver la réalité, devenir ceci où cela… Maître Deshimaru répétait souvent «makumozo», pas d’illusions.
Pratiquer zazen, c’est simplement mettre un terme à l’enchaînement compulsif des idées, des jugements, des émotions, pour revenir à la condition normale du corps et de l’esprit, à la condition originelle, au miroir précieux, à la source…
Cela veut dire tout simplement déposer son fardeau, cesser de chercher quoi que ce soit.
«Sans image, sans intermédiaire», disait Maître Eckhart dans une autre tradition.
Dans le Sutra de la liberté insurpassable, Vimalakirti dit ceci: «Celui qui cherche le dharma, qui est le réel, doit en vérité ne rien chercher.»
La condition normale, le réel, les choses telles qu’elles sont, n’ont rien à voir avec notre volonté, avec nos opinions, ils sont simplement là, ici, partout. Il n’y a rien à rajouter, rien à enlever. C’est lorsqu’on cesse d’intervenir que cela peut se manifester.
L’être humain – nous devons bien nous en persuader, nous devons bien le comprendre et l’observer -, l’être humain est incapable, foncièrement incapable, de produire l’éveil, de produire la sagesse. Tout ce qui sort de ses capacités personnelles, de sa volonté propre, est entaché d’illusions. C’est lorsqu’il s’efface que la réalité, l’éveil apparaît tel qu’il a toujours été, éternel, de tout temps.
C’est pour cela qu’en zazen, moins nous en faisons, mieux s’est. La posture se suffit à elle même, à condition que l’on pratique avec toute notre sincérité et notre détermination, sans somnoler, sans complaisance.
C’est pourquoi Dogen disait, à longueur de livres, dans le Shôbôgenzo, que zazen lui-même est satori. Zazen lui-même est éveil, illumination. Ne cherchez pas à produire quoique ce soit.
Maître Deshimaru disait que lorsque le cerveau de l’homme est au repos, lorsqu’il cesse d’alimenter ses propres productions, alors il est un microcosme qui reflète le macrocosme. Autrement dit, lorsque notre esprit ne vagabonde ni ne stagne, il devient immense et reflète l’univers entier, l’ordre naturel des choses.
MONDO
Q.1 : Dans le zen, on dit toujours: «On ne recherche rien.» Mais pourtant on est tous venus ici, on a tous poussé la porte du dojo. Alors comment est-ce qu’on peut concilier le fait de ne rien rechercher et pourtant de participer au zazen?
R.: C’est ce que dit Vimalakirti dans la phrase que j’ai citée ce matin: «Celui qui cherche le dharma – qui est le réel – ne doit en vérité rien chercher». C’est simple. Ça a un côté paradoxal, mais c’est paradoxal parce que notre cerveau est paradoxal. Notre cerveau est compliqué, pourtant ce qu’on recherche, c’est déjà là. Et plus on le cherche, plus on s’en éloigne en fait. C’est pourquoi la démarche du zen – d’ailleurs je crois que ce n’est pas réservé au zen, cela vaut pour toutes les voies spirituelles authentiques – consiste à mettre en veilleuse tout le fonctionnement égotique, qui en fait s’interpose entre ce qu’on cherche et ce qu’on est vraiment, entre notre nature profonde et nous-mêmes. C’est cela les mérites de la pratique. Au début, peut-être, on ne le sait pas. Dans les premiers zazen, je m’en souviens, on ne se rend pas compte de cela, mais ensuite, quand on repense aux premiers zazen qu’on a fait, aux zazen du débutant, où l’on arrive vraiment avec un esprit sincère, on se rend compte après-coup que dès que l’on s’assoit, le simple fait de s’asseoir, comme l’a toujours dit Dogen, comme l’ont toujours dit tous les maîtres, c’est déjà l’accomplissement; à partir du moment où l’on fait ce geste là, où l’on se tourne vers la Voie, on est déjà arrivé. Et c’est pour ça que c’est utile aussi de faire des sesshin, parce que, sur la durée, l’ego se fatigue et puis tout d’un coup cette lumière qui existe partout, qui est omniprésente, cette lumière de l’obscurité comme dit l’Hokyozanmai – «L’aube n’est pas claire, minuit est la vraie lumière» -, cette réalité omniprésente se manifeste… tout d’un coup l’ego se fatigue et arrête de pédaler dans la choucroute; on s’aperçoit que tout va de soi, que tout est limpide, que tout est clair. Et ça se fait tout seul. Le zen dit «mushotoku», ne rien chercher, parce que tout ce que fait l’ego est voué à l’échec. L’ego n’est pas un bon instrument pour accéder à la réalité, à la vérité. C’est quand on trouve une juste distance, un bon rapport, un bon équilibre entre l’ego et la nature propre, le visage originel, qu’on peut voir les choses comme elles sont, qu’on peut trouver un équilibre dans sa vie.
Q.1 : L’ego, c’est un phénomène, et il disparaît après…
R. : Voilà! C’est quand l’ego arrête de se démener, de chercher, que tout d’un coup tout ce qui était là avant lui, après lui, tout ce qui est normal, naturel peut se manifester. Il y a une image que Deshimaru employait beaucoup et qui est très parlante à ce propos, c’est celle du verre d’eau boueuse: tant qu’on l’agite elle est boueuse, tant que l’ego remue le verre d’eau, ça fait de la boue et on ne comprend rien; quand on arrête d’agiter, la boue tombe au fond et l’eau est transparente. C’est aussi simple que cela… C’est simple à raconter, c’est simple à dire; par contre dans les faits, c’est une voie très difficile, parce que c’est une voie de renoncement à tout ce à quoi on est attaché.
En zazen, il y a au moins une chose que tout le monde peut faire, c’est de s’observer. Le grand mérite de zazen, c’est l’observation, parce que dès qu’on observe on arrête de suivre, on ne se lance pas dans le processus. On regarde tout ce qui se passe, on observe l’ego depuis la posture, et on voit tous les trucs qu’il invente, toutes les pantalonnades, toutes les ruses, tout ce qu’il est capable de fabriquer. Et cela, le voir, l’observer, sans embrayer, sans alimenter la machine, c’est déjà beaucoup. C’est déjà un grand mérite. Et puis il vient un moment – tu as dû l’éprouver, tout le monde ici à dû l’éprouver plus ou moins consciemment -, il vient un moment où la machine s’arrête d’elle-même, parce qu’elle est fatiguée. Et tout d’un coup arrive une forme de clarté, de tranquillité. Mais si l’on essaie de se l’approprier, immédiatement la machine se remet en route. Donc ce qui est difficile, c’est de garder ce que dans le kusen j’appelais la juste distance – ne pas intervenir dans les processus égotiques, les observer, les regarder se dérouler sans lutter contre et sans les alimenter. Et ça, c’est toute la finesse de notre pratique, c’est toute la finesse de zazen. On peut faire confiance, ça marche. Parfois, on croit que ça ne marche pas du tout, on est désespéré, on rame, mais souvent c’est dans ces moments-là que le travail est vraiment en train de se faire, qu’on va bientôt cueillir le fruit. Il ne faut pas avoir peur de la difficulté, il faut pratiquer même dans la tourmente, dans la tempête, dans la difficulté, il faut avoir confiance, c’est ce que j’ai appris à travers les années de pratique, auprès de Deshimaru, auprès de mes condisciples. C’est ce qu’on peut vérifier par la pratique.
Q.1 . : Merci.
R. : Je t’en prie.
SECONDE QUESTION
Q.2 : Comment ne pas confondre le détachement avec l’indifférence?
R. : Ah! Ce n’est pas du tout pareil…
C’est une question qui se pose depuis toujours pour les pratiquants. Dogen… tu as lu un petit peu les textes? tu connais un peu? non?… Quand Dogen est revenu de Chine – qu’il a rapporté le zen qu’on pratique maintenant, puisque c’est lui qui l’a fondé au Japon -, il est entré en lutte contre l’hérésie quiétiste, c’est à dire les gens qui disent: «Puisque tout va bien, qu’on à la nature de bouddha, pourquoi s’embêter? On n’a qu’à laisser les choses se faire, ne pas se fatiguer.» C’est une forme d’indifférence.
Le détachement, c’est la déprise, c’est ne pas être pris par les bonno, par les illusions. L’indifférence c’est en fait une forme de mort, de soumission. Renoncer à la lutte, c’est renoncer à la quête qui nous a amenés à pratiquer la Voie, qui nous a amenés, comme tu disais, à pousser la porte du dojo.
Si on est indifférent, on ne peut pas pratiquer. L’indifférence, c’est la mort spirituelle. Le détachement, c’est la déprise, c’est-à-dire qu’on n’est plus prisonnier de ses illusions, de ses pulsions…
Tu te sens menacé par l’indifférence, toi? Tu as peur de devenir indifférent?
Q.2 : Oui…
R. : C’est vrai, il y a plein de pièges sur la Voie, il y a plein de dangers.
Q.2 : … Par protection, mais ce n’est pas la solution.
R. : C’est cela, l’indifférence ; c’est une démarche égoïste, c’est une forme de protection, effectivement.
Q.2 : Quand on parle de détachement, ce n’est pas tant un détachement par rapport aux autres existences, au monde, c’est plutôt un détachement par rapport à l’ego.
R. : Oui. L’homme de la Voie, le pratiquant, l’homme sans entraves, l’homme libre dont on entend parler dans les textes, ou qu’on peut côtoyer un peu en soi-même et chez les autres, n’est pas un homme indifférent, un homme qui a terrassé toutes ses pulsions, tous ses appétits. Au contraire, c’est un homme qui déborde d’énergie, de ki, de vitalité, mais qui, par contre, a trouvé la distance qui convient – le détachement, la déprise – par rapport à ses pulsions. Par exemple, en zazen, on apprend à ne pas immédiatement suivre ses pensées, à ne pas négocier avec le petit dialogue intérieur, le processus de jugements, d’opinions, de choix, de rejets. C’est vraiment ça le secret de notre pratique, elle est basée sur la conscience hishyrio, sur l’esprit qui ne repose sur rien, qui ne se laisse pas prendre, qui ne stagne pas, qui ne vagabonde pas. Quand on arrive à trouver cette forme de détachement, de déprise, d’autonomie, on peut aborder tous les problèmes de l’existence avec la même attitude: en étant détaché, mais pas indifférent. Si on est indifférent, il n’ y a plus de pratique, il n’y a plus de Voie, on est déjà mort…
Bon, Je ne sais pas si je t’ai répondu…
La Voie du zen, du Bouddha, ce n’est pas du tout une voie mortifère, une voie d’ascétisme. Au contraire, c’est une voie de liberté. Il y a une phrase du Shodoka qui dit: «Dans la paix de l’extinction, fais ce que tu veux, bois et mange à ta guise.» C’est une forme de liberté qui n’a peur de rien, qui ne craint rien… (fin du mondo)
En règle générale, on parle de l’indifférence vis-à-vis d’autrui, on ne parle pas de l’indifférence vis-à-vis de soi-même. Dans la psychologie bouddhique, dans l’analyse des différentes sagesses, il y a la sagesse de l’égalité, la sagesse de l’homme accompli, pour qui tout est égal. On pourrait dire que cela ressemble à de l’indifférence, mais c’est absolument dénué d’égoïsme. L’indifférence, au sens où on l’entend en général, c’est quelque chose de complètement égoïste. Et je pense que, si l’on pratique zazen, on ne peut pas tomber dans l’indifférence, ou alors on arrête de pratiquer, parce que, par la pratique, on développe une énergie, une vitalité, qui sont totalement à l’opposé de l’indifférence. Par contre, on apprend une certaine forme d’indifférence par rapport à ses propres états d’âme; on leur accorde de moins en moins d’importance. L’esprit de zazen, l’esprit de la Voie, n’est tributaire de rien du tout, ni du bonheur ni du malheur, ni de la pensée ni de la non-pensée.
Il y a une histoire – que l’on m’a racontée quand j’étais au Japon et que j’ai déjà racontée plusieurs fois en kusen, donc certains l’on déjà certainement entendue – qui illustre bien cette question de sensibilité, ce problème d’indifférence, de réaction au stimulus. Quand j’étais au Japon, j’ai rencontré un ami de Maître Deshimaru, le professeur Ikemi, qui était je crois un spécialiste de la neurologie, des sciences du cerveau, et qui pratiquait des expériences sur les réactions du cerveau à des stimuli pendant la méditation. Il plaçait des électrodes sur la tête de personnes assises en zazen, des vieux moines et des débutants, et il observait les réactions. C’est lui qui me l’a raconté: il mettait des gens en zazen, il plaçait des électrodes sur leurs crânes et puis il les soumettait à des stimuli, il faisait passer une fille nue devant eux, il leur jetait un serpent en plastique sur les genoux, ou des choses de ce genre-là… et il disait que la différence de réaction entre les vieux moines bien rodés, entraînés à la pratique, et les débutants, c’est que les vieux moines avaient une réaction très vive qui retombait aussitôt: ils n’étaient pas du tout indifférents, ils réagissaient naturellement, très fort, mais ils n’étaient pas prisonniers de cette réaction, ils ne se laissaient pas entraver, polluer par l’émotion, alors que les gens moins entraînés dans la pratique avaient une réaction moins vive, plus émoussée, mais beaucoup plus longue, beaucoup plus confuse et plus longue. La pratique de la Voie ne nous rend pas du tout insensible, muré, hermétique. Au contraire, on est beaucoup plus libre, beaucoup plus disponible. On enregistre tous les phénomènes, on en prend acte, mais on ne stagne pas, on ne se laisse pas entraver, ni par les phénomènes intérieurs (les pensées, les émotions) ni par les phénomènes extérieurs. C’est l’hokyozanmai, le samadhi du miroir précieux: le miroir précieux réfléchit tout ce qui se présente, le beau comme le laid, le juste comme le faux, l’agréable comme le désagréable, mais il ne retient rien, il ne s’attache à rien, il ne lutte contre rien…
La posture et l’esprit sont indissociables en zazen, c’est un tout indissociable, posture-esprit-respiration. «On ne peut pas partir à la recherche de l’esprit avec l’esprit», dit Obaku. Par contre si la posture est juste, qu’elle a le juste tonus et que la respiration est bien placée, qu’elle est ample, fluide, profonde, inconsciente, l’esprit retrouve la condition normale, cela se fait tout seul sans que l’on ait besoin de fabriquer quoique ce soit.
Pour terminer – bien que dans la pratique il n’y ait ni début ni fin -, je voudrais insister sur un aspect que Maître Deshimaru soulignait souvent lui aussi: celui de la confiance, de la foi. Si on a confiance en la posture, si on a foi dans la condition originelle, dans la nature de bouddha, les mérites de zazen apparaissent inconsciemment automatiquement, sans que l’on ait rien d’autre à faire que de mettre notre sincérité dans la pratique.
Dans le bouddhisme, le zen, on distingue six grandes vertus, les six paramita, qui sont la clé de la réussite sur la Voie. Il y a le don, les préceptes, la patience, la détermination, la sagesse, et pour finir dhyana, zazen, la concentration. Or la dernière des paramita, zazen, contient toutes les autres. Elle contient le don si l’on pratique sans réserve, sans négocier, sans marchander, si l’on se donne complètement à la posture. Elle contient les préceptes, parce que si l’on pratique zazen, si l’on s’engage dans cette Voie-là, on ne peut plus continuer à tricher, à mentir, à voler, on respecte naturellement les préceptes, sans calcul, sans moralisme, parce que simplement on vit en conformité avec l’ordre cosmique. Elle contient la patience et l’assiduité, car on ne peut pas progresser dans cette pratique sans patience, sans assiduité. Il y a inévitablement des difficultés, des souffrances, des doutes, mais zazen est plus fort que tout cela. Elle contient aussi la sagesse: la sagesse est le fruit de notre pratique; la maturité vient infailliblement à son heure. Dans notre école, tout repose vraiment sur zazen. Kodo Sawaki, dans un texte, dit que s’il prend la peine de préparer de beaux discours, de vous raconter de belles histoires, c’est tout simplement pour vous amener à faire zazen. Et Maître Deshimaru, à chaque fois qu’il partait pour le Japon ou ailleurs, à chaque fois qu’il s’absentait, nous disait tout simplement «Continue zazen!» Continuez zazen. Tout le reste en découle inconsciemment, naturellement, automatiquement. Nous pouvons avoir totalement confiance.